Ugo Schiavi
Mémoire fossile
Pierre sculptée, béton
2025
D’or et de vin – Saint Germain Nuelles
Parking de l’église de Saint Germain
Mémoire fossile présente une main humaine aux proportions imposantes tenant fermement une large pierre. À moins que ce ne soit la pierre qui prenne forme humaine ?
Dans cette fusion troublante où le corps et le minéral se confondent, l’œuvre en pierre taillée fige un geste de préhension, à la fois primitif et quotidien.
Ici, la mémoire des hommes et celle de la Terre s’entrelacent, rendant hommage aux savoir-faire d’hier et aux luttes d’aujourd’hui.
À travers ce dialogue entre la main et la matière, l’artiste interroge l’ambivalence entre collaboration et domestication. L’œuvre s’inscrit notamment dans l’héritage des tailleurs de pierre des Carrières de Glay situées à quelques encablures, dont les représentants actuels s’efforcent de préserver la tradition.
Mémoire Fossile, témoin silencieux de la relation entre l’Homme et son environnement, souligne la manière dont le temps sculpte autant qu’il efface, dans une tension où se joue notre propre pérennité.
L’artiste :
Né en 1987, Ugo Schiavi vit et travaille à Marseille. Il est diplômé de la Villa Arson – École Nationale Supérieure d’Art en 2011. L’œuvre d’Ugo Schiavi fusionne le contemporain et l’ancien, trouvant un écho dans la mémoire commune. Jouant sur les tensions entre passé et présent, comme s’il s’agissait d’expérimentations archéologiques fictives, ses sculptures révèlent des récits captivants et explorent des histoires nouvellement découvertes. La démarche de Ugo Schiavi naît de la notion de patrimoine universel qui, en évoluant, efface l’idée de temporalité. Ses œuvres en mutation permettent une archéologie fantasmée qui défie la linéarité du temps.
Le contexte patrimonial :
À Saint-Germain-Nuelles, les constructions se caractérisent par l’utilisation de la pierre jaune, dite “dorée”. Celle-ci provenait essentiellement des carrières de Glay, situées au nord de la commune, qui furent exploitées pendant plus de 500 ans. Petit à petit, la production de pierre jaune s’est essoufflée, concurrencée par celles ayant accès à la voie fluviale ou ferroviaire. L’activité des carrières s’est alors arrêtée en 1947. Les savoirs-faire, l’architecture et les méthodes de construction liés à cette pierre jaune ont progressivement disparu. Aujourd’hui tout de même, le savoir-faire de la taille de pierre est entretenu par l’Association Les Carrières de Glay qui participe à la valorisation du site de Glay. Comme sur beaucoup de territoires au XXe siècle, le béton s’est imposé dans les constructions et a remplacé rapidement la pierre ancestrale.