Pour définir les zones dans lesquelles évolueront les onze artistes lauréats et le public, l’École Urbaine de Lyon a mené une semaine d’enquête anthropocène, sur place, avec dix doctorants et doctorantes (en chimie de l’air, écologie, économie, agro-alimentaire, géographie…) et dix professionnels (scénographes, curateur, peintre, photographe, architecte, urbaniste et dessinatrice). Marches, études de terrain, rencontres avec les acteurs du territoire, collectes de data, étude du monde végétal ou du bâti… ce diagnostic territorial a permis de comprendre les ressources du Pays de L’Arbresle et de définir les zones à explorer artistiquement.

De quelles spécificités ce territoire est-il pourvu ? Que voir, que faire dans ce pays, et comment le comprendre ? Le rapport d’étude, très complet, est à lire ici. Du reste, entre pâturages et vergers, villages aux pierres dorées, panoramas où l’on peut crapahuter, et espaces boisés…voici quelques particularités du Pays de L’Arbresle à découvrir dès 2024, au cours des trois parcours artistiques.

 

Un pays au fil de l’eau

Les courants et rivières peuplent le Pays de L’Arbresle, irrigué par la Brévenne et la Turdine (dont le bassin versant s’étend sur 440 km2) – et par leurs nombreux affluents. La zone très urbanisée du centre de L’Arbresle est traversée par les deux rivières qui se rejoignent au Nord-Est de la commune, offrant un sentier de promenade, de loisirs et de découvertes pour les habitants de L’Arbresle. Une marche de 10 km depuis le couvent de la Tourette jusqu’aux carrières de Glay sillonne une multitude de paysages à découvrir lors de votre parcours !

Zone à découvrir lors du parcours : dans le centre historique de L’Arbresle

 

Panoramas et belvédères naturels

Le territoire regorge de collines qui offrent des panoramas à couper le souffle pour qui atteindra leur sommet. Depuis le lieu-dit Ronzière et en direction de Sain-Bel se découvre un panorama à 360°. Deux reliefs séparés entre eux par la vallée de la Brévenne marquent le territoire. À l’Est de la Brévenne : les Monts du Lyonnais, dont une partie est classée Espace Naturel Sensible. La longue échine qui s’étire depuis la croix de Pars jusqu’au col de la croix du Ban compte l’essentiel des cols et points culminants du territoire. À l’Ouest de la Brévenne : les monts de Tarare sont dominés par les hauteurs boisées. Le crêt d’Arjoux (815 m) repérable à sa forme conique, le mont Pottu (818 m) et le crêt de Montmain.

Zone à découvrir lors du parcours : autour de Sain-Bel et Savigny

 

Le Textile

L’Arbresle a de tous temps été liée au textile. Cette vocation trouve ses plus anciennes racines dans le travail régional des fibres, en particulier de chanvre, cultivé localement depuis au moins le XIIe siècle (disparition avec l’arrivée du coton au XVIe siècle). C’est dans ce terreau qu’est notamment né, à L’Arbresle en 1793, Barthélemy Thimonnier, inventeur de la machine à coudre. Au début du XIXe siècle, alors que s’amorce pour la soierie lyonnaise une longue période de prospérité, les fabricants trouvent intérêt à ne plus confier le travail aux seuls canuts de la ville et s’intéressent à L’Arbresle, où la main-d’œuvre est moins chère et plus docile, en apparence. Le tissage n’étant pas encore mécanisé, la diffusion du métier à bras en est facilitée. Tandis qu’à Lyon sont produits des tissus façonnés aux dessins délicats, la spécialité de L’Arbresle est le tissu léger (voile et mousseline) et le velours. Aujourd’hui, Le Musée-Atelier des canuts de l’Espace Découverte à L’Arbresle propose une immersion dans l’univers du tissage.

Zone à découvrir lors du parcours : dans le centre historique de L’Arbresle

 

La traversée du temps

La ville de L’Arbresle juxtapose plusieurs époques et couches historiques en son sein : gallo-romaine, médiévale, renaissance, industrielle, moderne, contemporaine… Sur une même zone, l’on découvre l’Hôtel des Valous, d’époque Renaissance, une ancienne usine de tissage de Canuts sur la place de la République, ou encore le bâtiment de la médiathèque actuelle datant de la fin du XIXe siècle. Parfois, une juxtaposition du temps est visible sur un même bâtiment, à l’image de l’ancienne mairie, place de la République, où se retrouvent plusieurs pierres utilisées à des époques différentes : pierre d’Apinost (pierre à gryphées) et pierre dorée. En direction de la gare, l’on découvre la porte de l’ancienne église de la Madeleine, unique vestige de l’édifice, aujourd’hui accolée à un bâti contemporain. L’Arbresle est donc un mélange de béton tout juste centenaire et de pierre millénaire…

Zone à découvrir lors du parcours : dans le centre historique de L’Arbresle

 

Un pays de pierres dorées

La situation géologique du pays, au carrefour de différents massifs, confère au territoire de nombreux sous-sols. Peu de minerais ou de roches manquent à l’appel : calcaire jaune, grès rouge, granite, pierre volcanique noire, gneis… il forment une ressource inestimable à l’origine de nombreuses constructions sur le territoire, et destinée à l’activité industrielle. Une strate géologique visible depuis le cœur du centre-ville s’ajoute à toutes les juxtapositions de L’Arbresle : le poudingue. Il s’observe notamment depuis la place Raspail, rue du Puits de la chaleur et dans plusieurs commerces du centre-ville.

Parmi toutes les carrières, celles de Glay et du bois des Oncins sont particulièrement admirables. Ancien site d’extraction de pierres calcaires de couleur dorée, les Carrières de Glay sont caractéristiques du Sud-Beaujolais. D’une grande valeur historique et patrimoniale, elles sont devenues zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique, accueillant notamment plus de la moitié des espèces de chauves-souris identifiées en Europe. Avec le bois des Oncins qui le surplombe, l’espace naturel couvre une superficie totale de 115 hectares, un poumon vert sur la commune de Saint-Germain-Nuelles. Si, petit à petit, la production et les savoirs-faire de pierre jaune se sont essoufflés, l’art de la taille de pierre, lui, est aujourd’hui entretenu par l’Association des Carrières de Glay.

Zone à découvrir lors du parcours : autour de Saint-Germain-Nuelles et des Carrières de Glay

 

L’agriculture viticole

La vigne est partout sur le territoire ! Petites et grandes parcelles habillent le pied des villages et les flancs des coteaux d’un territoire au confluent de deux appellations : Beaujolais et Coteaux du Lyonnais. La réputation de la première n’est plus à prouver, quant à la seconde, elle connaît une renommée croissante au niveau national. Depuis 1938, cinq communes du Pays de L’Arbresle, dont Saint-Germain-Nuelles, sont rattachées à la zone d’appellation contrôlée Beaujolais. Le Gamay noir (pour le rouge) et le Chardonnay (pour le blanc) son les cépages utilisés, donnant de bons vins fruités et aromatiques, au bouquet soutenu, à tendance florale.

Les traces de la culture de la vigne dans la région remontent à la plus haute Antiquité. Sur le Pays de L’Arbresle, à partir du VIIIe siècle, la viticulture est déjà devenue traditionnelle et progresse sous l’influence de l’abbaye de Savigny. Au XXe siècle, elle est l’une des plus importantes cultures du Pays de L’Arbresle. Les caveaux des anciennes maisons, aujourd’hui réaménagés pour d’autres usages, en témoignent, tout comme les cabanes de vignes — à découvrir sur les parcours. Même si elles sont aujourd’hui de plus en plus rares, (la mécanisation, le remplacement du cheval par le tracteur… ont rendu ces constructions moins utiles) elles sont tout de même plutôt bien préservées.

Zone à découvrir lors du parcours : autour de Saint-Germain-Nuelles et des Carrières de Glay

L’arboriculture et la culture de la cerise 

L’arboriculture a une longue histoire dans le Pays de L’Arbresle. Au XIXe siècle déjà, cerises, abricots, poires, pommes, noix, et châtaignes de la campagne arbresloise partaient par pleines charrettes alimenter le marché du quai de l’Archevêché à Lyon. L’arboriculture est une des activités en fort développement, localisée dans le sud-est du territoire où l’on compte plus de quatre cents hectares de vergers. Parmi ces productions arboricoles, la plus renommée est la cerise dite de Bessenay qui a fait sa réputation bien au-delà du Pays de L’Arbresle. Les différences d’altitude et d’exposition permettent aux arboriculteurs de cultiver un grand nombre de variétés et d’échelonner leur production de la fin mai à la fin juillet.

Zone à découvrir lors du parcours : autour de Sain-Bel et Savigny

L’activité minière 

Exploitées dès le Moyen-âge par Jacques Cœur, les mines de Sain-Bel étaient en activité jusqu’en 1972. Elles ont été pendant très longtemps des mines de cuivre (extrait des pyrites de cuivre ou chalcopyrite), puis de pyrite de fer. Au début du XXe siècle, on y produisait 70% de la pyrite française. Aujourd’hui à l’arrêt, l’ensemble des anciens bâtiments industriels est encore dominé par le chevalement métallique (28 mètres) construit en 1926 sur la commune voisine de Saint-Pierre-la-Palud. Le musée de la mine a ouvert le site au public, permettant de découvrir cette activité qui a fortement marqué le territoire.

Il faut préciser que L’Arbresle doit son existence et son développement en grande partie à sa situation géographique, facilitant les échanges marchands. Elle fut un axe de passage stratégique depuis l’Antiquité, se situant sur une voie historique reliant Paris à la Provence, ainsi que les fleuves Rhône et Loire. Une importante partie du patrimoine local est née de ces routes (les ponts, l’Hôtel-Dieu, les bornes, les auberges, les garages ou encore les voies ferrées).

Zone à découvrir lors du parcours : autour de Sain-Bel et Savigny

 

Patrimoine médiéval et curiosités

À côté de l’histoire minière de Sain-Bel, on retrouve un certain nombre d’édifices datant de l’époque médiévale, notamment sous l’influence de l’abbaye de Savigny : le château de Montbloy et sa montée préservée, lieu de résidence des abbés jusqu’au XVIIe siècle, l’ancienne église Saint Jean-Baptiste du XIIe siècle ou encore les maisons du XIVe et XVe siècles.

 

L’Abbaye de Savigny

L’Arbresle est une ancienne place forte de l’Abbaye de Savigny. Des constructions de l’époque médiévale et de la Renaissance perdurent, comme les vestiges de l’enceinte construite par les abbés de Savigny au XIe siècle, le château et son donjon, l’église de L’Arbresle et ses fameux vitraux de la fin du XVe siècle, l’ancien hôtel des Trois Maures, la borne du Grand chemin de Lyon à Paris (souvenirs du rôle de ville-étape sur la route de Paris), la maison dite de Jacques Cœur (1518) et la maison de style Renaissance dite des Valous (maison de campagne de nobles lyonnais).

Zone à découvrir lors du parcours : autour de Sain-Bel et Savigny

 

Mais le “petit patrimoine”, c’est-à-dire l’ensemble des monuments qui ne sont pas classés comme Monuments Historiques, est tout aussi passionnant à découvrir dans le Pays de L’Arbresle. Croix (se rendre à La croix de Chemin du Mont — vieille du XVIIe siècle — qui domine au milieu des vignes. Elle constituait à la fois un repère dans le paysage pour orienter les pèlerins, et une empreinte religieuse forte), lavoirs, constructions agricoles… De la même manière, la faune et la flore regorgent de belles curiosités à découvrir pour qui ouvre un peu l’œil…