Didier Marcel
La colonne dorée
Circuit D’or et de vin – Saint-Germain-Nuelles
Bois des Oncins
De son propre aveu, c’est avec une grande ferveur que l’artiste Didier Marcel a répondu aux problématiques du concours lancé par les Murmures du temps. Penser le paysage et le territoire, tels qu’ils se donnent à voir et tels qu’ils se vivent, lui a donné l’occasion de lier sa pratique de sculpteur à ses réflexions sur le double usage des matériaux utiles, sur la porosité entre la nature, l’agriculture et la sphère artistique.
« J’ai mis longtemps à l’assumer mais, oui, je suis sculpteur, et plutôt à grande échelle. Dans le cadre de mon travail, j’ai pour habitude de m’inspirer du paysage, et notamment du paysage qui revient dans l’habitat. » Il a par exemple élaboré des moulages de terre labourée, qu’il a redressés en bas-relief pour les accrocher comme des tableaux, saluant leur « pouvoir décoratif phénoménal. » La « Colonne dorée » présentée à l’orée du bois des Oncins, au fil du circuit « D’or et de vin », est érigée quant à elle en extérieur. « Elle regarde le paysage dans toute son ampleur ». Composée de bottes de paille qui, disséminées dans les champs moissonnés, sont pour Didier Marcel le point d’orgue d’une « fascination commune », elles ont été redimensionnées pour s’empiler « dans une alternance de formes belles et simples » : parallélépipèdes sur cylindres.
Inspirée dans sa forme par les colonnes guidons installées en forêt de Chaux (désormais inscrites au patrimoine des Monuments historiques) , il s’en dégage la même incongruité. Une notion que l’artiste a eu à cœur d’explorer et n’a pas craint de pousser dans ses retranchements. Tout comme on bute sur ces colonnes marquant les parcelles de la forêt, le regard bute sur la « Colonne dorée » – totem étonnant honorant donc le travail de la terre par sa matière, et par sa forme celui de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, représentant de l’utopie des Lumières.
Si la philosophie des Lumières a détaché le peuple des croyances religieuses en désignant la science comme vérité absolue, l’œuvre de Didier Marcel s’inscrit à sa suite, tout en dévoilant les limites de la foi dans les progrès techniques. Car, bien que « notre époque représente une acmé technologique », cela n’empêche pas que l’on ait « quelque inquiétude à concevoir notre avenir… » Cette « Colonne dorée » s’impose ainsi comme un avertissement par rapport au modèle agricole produisant toujours plus : en sursis, il est contraint de se renouveler pour permettre à la terre et aux hommes de respirer, mieux, et plus longtemps. L’imposante œuvre s’appréhende donc comme une « sculpture à double détente », invitant le passant à penser ensemble un futur plus raisonné.
LE CONTEXTE PATRIMONIAL
Ce secteur est un exemple de la cohabitation complexe entre les activités humaines et la préservation des écosystèmes. Sur 95 hectares, le site est classé Espace naturel sensible en raison de la variété de sa faune et de sa flore. Les anciennes Carrières de Glay abritent de nombreuses espèces de chauves-souris ainsi que des plantes caractéristiques des pelouses sèches ou des éboulis.
Le bois des Oncins présente divers milieux forestiers, du fourré arbustif calcicole à la chênaie-charmaie. La zone est par ailleurs traversée par différents flux d’énergie et de transport : une ligne électrique aérienne très haute tension, une canalisation de transport de gaz haute pression, l’autoroute A89, sans oublier la fréquentation croissante des promeneurs et des visiteurs sur le Géosite des Carrières de Glay.
Artisans ayant contribué à la réalisation de l’œuvre :
- BET Génie Civil – Blondeau Ingénierie
- Stratification résine et laquage – Prelud
- Fonderie – Atelier France Bronze
- Terrassement – L.C.A
- Ingénieure structure – Juliette Pierangelo
- Ingénieur massif béton – B.E.D Quetigny
- Géotechnique – Anthémys